Une page est définitivement tournée dans les relations entre la Mauritanie et le Sénégal, avec l’interdiction faite aux pêcheurs sénégalais de ne plus se retrouver dans les eaux mauritaniennes.
Interdiction formelle des pêcheurs sénégalais de se retrouver dans les eaux de pêche de Mauritanie ; rappel dans leur pays des pêcheurs sénégalais qui devaient être réinsérés chez eux dans la vie active; mise en place de patrouilles militaires communes pour empêcher les Sénégalais de s’infiltrer dans les zones de pêche mauritaniennes, application par la Mauritanie d’une nouvelle réglementation concernant les pêcheurs étrangers…
Les dernières mesures prises dans le cadre de la pêche artisanale mauritanienne sommant les Sénégalais à ne plus s’aventurer dans les eaux maritimes mauritaniennes de faon clandestine, tombées après les incidents de janvier 2017 entre gardes côtes mauritaniens et pécheurs sénégalais, mettent manifestement un terme à la situation de coopération traditionnelle de pêche entre les pêcheurs sénégalais et la Mauritanie.
Tout a commencé après les derniers incidents qui se sont produits sur les eaux maritimes sud de la Mauritanie quand des pêcheurs sénégalais qui se trouvaient dans ces eaux, aient été l’objet de tirs des gardes côtes de Mauritanie. Bilan : deux blessés graves dont l’un aurait succombé.
Branle bas de combat avec des réactions vives des deux côtés où chacun se rejetait la responsabilité des causes de l’incident. S’étant produit dans une situation de crise latente avec le Sénégal sous fond de crise politique en Gambie, cet incident, était différent de tous ceux qui avaient l’habitude de se produire.
Aux grands maux, les grands moyens : visite du ministre sénégalais des Affaires étrangères en Mauritanie suivie de celui des pêches, rencontres soutenues entre les deux parties…Des projets d’accord furent discutés -parmi lesquels l’obligation faite aux pêcheurs sénégalais de débarquer en Mauritanie, les produits de pêche- qui n’auraient pas été acceptés.
Finalement, le Sénagal devait se résoudre à rappeler les siens. En visite en Mauritanie, son le ministre de la Pêche a proposé le retour "volontaire" de 400 pêcheurs sénégalais contraints par cette directive et restée en Mauritanie.
Dakar et Nouakchott se sont également entendus pour des patrouilles mixtes sur leurs frontières maritimes pour "faire respecter (leurs) réglementations et prévenir d’éventuels incidents", selon leurs autorités.
Cible
Pour nombre d’observateurs, la loi interdisant aux étrangers de pêcher en Mauritanie est une loi taillée sur mesure. Nombreux sont en effet ceux qui considèrent qu’elle a été spécialement conçue contre les Sénégalais.et pour cause, ce sont les seuls étrangers qui exercent cette activité en Mauritanie.
Et cela, depuis des millénaires. Bien avant la création de ce qu’on appelle aujourd’hui le Sénégal et la Mauritanie. Les Nguet-Ndariens de Saint- Louis , à travers les âges, ont toujours pêché dans ce vaste océan qui ne connaissait ni de frontière ni de limite. Tous les régimes politiques qui se sont succédé en Mauritanie ont toujours respecté cette coutume ancestrale. Or, tous les juristes le savent, la coutume est aussi une source du droit.
Il a fallu ainsi plus de cinquante ans d’indépendance pour que l’on mettre fin à cette pratique qui était doublement avantageuse aussi bien pour les Nguet-Ndariens que pour les Mauritaniens. Les uns y trouvaient une source de subsistance pour leurs familles et les ménages mauritaniens y trouvaient leur compte en trouvant du bon poisson bon marché. Enfin, les deux pays consolidaient à travers cette activité des liens d’amitié et de fraternité vieille de plusieurs siècles.
En réalité, pour nombre d’observateurs, la loi appliquée aujourd’hui contre les pêcheurs Sénégalais ne serait qu’un des effets collatéraux de la crise gambienne. Parce que Mohamed Ould Abdel Aziz croirait que le Sénégal de Macky Sall lui a manqué de respect, en minimisant sa médiation dans la crise gambienne et que ses troupes sont rentrés à Banjul alors qu’il venait de sceller un accord en contrepartie du départ de Jammeh, qu’il se vengerait en coupant les vivres à des pêcheurs dont le seul souci était la substance tirée de leurs pirogues et leurs filets.
L’application de la loi contre les pêcheurs sénégalais n’est en définitive qu’une punition ourdie par Nouakchott contre Dakar.
La visite du ministre sénégalais des Affaires Etrangères à Nouakchott et sa rencontre avec les autorités mauritaniennes sur cette question n’a ainsi servi à rien. Mohamed Abdel Aziz tient à sa punition et Nani Ould Chrougha, ministre des Pêches n’y pouvait que dalle sinon se réfugier derrière la langue de bois.
Au départ pourtant, rien ne prédestinait à un tel état de fait : on se rappelle de la joie exprimée à l’époque par les Sénégalais qui s’étaient réjouis de l’arrivée de Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir en 2008. Ils croyaient que ce natif de Louga (région du Sénégal) allait être leur plus solide allié n’imaginaient certainement pas que c’est avec lui qu’ils allaient vivre les plus sombres pages d’histoire de leur coopération avec la Mauritanie.
Aujourd’hui, les pêcheurs sénégalais sont partis. Les Mauritaniens ont ainsi toute la mer, à eux tous seuls, avec les Européens et les Chinois. Si les Sénégalais permettaient au moins d’alimenter le marché national, la Mauritanie ne disposant pas de professionnels du métier pour combler le vide, les Chinois eux vont vider les eaux mauritaniennes en quelques années. Non seulement, ils sont les derniers venus, mais encore, leur production n’a pas d’impact sur le plan national. Ils pillent les eaux, emportant juvéniles et œufs de poissons pour les planter en Chine.
Résultat, le poisson se fait rare. Un produit devenu presque hors de portée du citoyen lambda. Le « YayeBoye » qui se vendait à 20 ou 30 UM le kilo se négocie aujourd’hui autour de 200 UM. Quant aux meilleurs choix, Courbine, Thiof et autres poissons de prestige, leur prix au kilo équivaut à celui de la viande, 2.400 UM. On parle de hausse dans quelques jours. En tout, cas, le bon poisson mauritanien est désormais exclu du plat des pauvres.
Cheikh Aïdara
Cridem
Interdiction formelle des pêcheurs sénégalais de se retrouver dans les eaux de pêche de Mauritanie ; rappel dans leur pays des pêcheurs sénégalais qui devaient être réinsérés chez eux dans la vie active; mise en place de patrouilles militaires communes pour empêcher les Sénégalais de s’infiltrer dans les zones de pêche mauritaniennes, application par la Mauritanie d’une nouvelle réglementation concernant les pêcheurs étrangers…
Les dernières mesures prises dans le cadre de la pêche artisanale mauritanienne sommant les Sénégalais à ne plus s’aventurer dans les eaux maritimes mauritaniennes de faon clandestine, tombées après les incidents de janvier 2017 entre gardes côtes mauritaniens et pécheurs sénégalais, mettent manifestement un terme à la situation de coopération traditionnelle de pêche entre les pêcheurs sénégalais et la Mauritanie.
Tout a commencé après les derniers incidents qui se sont produits sur les eaux maritimes sud de la Mauritanie quand des pêcheurs sénégalais qui se trouvaient dans ces eaux, aient été l’objet de tirs des gardes côtes de Mauritanie. Bilan : deux blessés graves dont l’un aurait succombé.
Branle bas de combat avec des réactions vives des deux côtés où chacun se rejetait la responsabilité des causes de l’incident. S’étant produit dans une situation de crise latente avec le Sénégal sous fond de crise politique en Gambie, cet incident, était différent de tous ceux qui avaient l’habitude de se produire.
Aux grands maux, les grands moyens : visite du ministre sénégalais des Affaires étrangères en Mauritanie suivie de celui des pêches, rencontres soutenues entre les deux parties…Des projets d’accord furent discutés -parmi lesquels l’obligation faite aux pêcheurs sénégalais de débarquer en Mauritanie, les produits de pêche- qui n’auraient pas été acceptés.
Finalement, le Sénagal devait se résoudre à rappeler les siens. En visite en Mauritanie, son le ministre de la Pêche a proposé le retour "volontaire" de 400 pêcheurs sénégalais contraints par cette directive et restée en Mauritanie.
Dakar et Nouakchott se sont également entendus pour des patrouilles mixtes sur leurs frontières maritimes pour "faire respecter (leurs) réglementations et prévenir d’éventuels incidents", selon leurs autorités.
Cible
Pour nombre d’observateurs, la loi interdisant aux étrangers de pêcher en Mauritanie est une loi taillée sur mesure. Nombreux sont en effet ceux qui considèrent qu’elle a été spécialement conçue contre les Sénégalais.et pour cause, ce sont les seuls étrangers qui exercent cette activité en Mauritanie.
Et cela, depuis des millénaires. Bien avant la création de ce qu’on appelle aujourd’hui le Sénégal et la Mauritanie. Les Nguet-Ndariens de Saint- Louis , à travers les âges, ont toujours pêché dans ce vaste océan qui ne connaissait ni de frontière ni de limite. Tous les régimes politiques qui se sont succédé en Mauritanie ont toujours respecté cette coutume ancestrale. Or, tous les juristes le savent, la coutume est aussi une source du droit.
Il a fallu ainsi plus de cinquante ans d’indépendance pour que l’on mettre fin à cette pratique qui était doublement avantageuse aussi bien pour les Nguet-Ndariens que pour les Mauritaniens. Les uns y trouvaient une source de subsistance pour leurs familles et les ménages mauritaniens y trouvaient leur compte en trouvant du bon poisson bon marché. Enfin, les deux pays consolidaient à travers cette activité des liens d’amitié et de fraternité vieille de plusieurs siècles.
En réalité, pour nombre d’observateurs, la loi appliquée aujourd’hui contre les pêcheurs Sénégalais ne serait qu’un des effets collatéraux de la crise gambienne. Parce que Mohamed Ould Abdel Aziz croirait que le Sénégal de Macky Sall lui a manqué de respect, en minimisant sa médiation dans la crise gambienne et que ses troupes sont rentrés à Banjul alors qu’il venait de sceller un accord en contrepartie du départ de Jammeh, qu’il se vengerait en coupant les vivres à des pêcheurs dont le seul souci était la substance tirée de leurs pirogues et leurs filets.
L’application de la loi contre les pêcheurs sénégalais n’est en définitive qu’une punition ourdie par Nouakchott contre Dakar.
La visite du ministre sénégalais des Affaires Etrangères à Nouakchott et sa rencontre avec les autorités mauritaniennes sur cette question n’a ainsi servi à rien. Mohamed Abdel Aziz tient à sa punition et Nani Ould Chrougha, ministre des Pêches n’y pouvait que dalle sinon se réfugier derrière la langue de bois.
Au départ pourtant, rien ne prédestinait à un tel état de fait : on se rappelle de la joie exprimée à l’époque par les Sénégalais qui s’étaient réjouis de l’arrivée de Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir en 2008. Ils croyaient que ce natif de Louga (région du Sénégal) allait être leur plus solide allié n’imaginaient certainement pas que c’est avec lui qu’ils allaient vivre les plus sombres pages d’histoire de leur coopération avec la Mauritanie.
Aujourd’hui, les pêcheurs sénégalais sont partis. Les Mauritaniens ont ainsi toute la mer, à eux tous seuls, avec les Européens et les Chinois. Si les Sénégalais permettaient au moins d’alimenter le marché national, la Mauritanie ne disposant pas de professionnels du métier pour combler le vide, les Chinois eux vont vider les eaux mauritaniennes en quelques années. Non seulement, ils sont les derniers venus, mais encore, leur production n’a pas d’impact sur le plan national. Ils pillent les eaux, emportant juvéniles et œufs de poissons pour les planter en Chine.
Résultat, le poisson se fait rare. Un produit devenu presque hors de portée du citoyen lambda. Le « YayeBoye » qui se vendait à 20 ou 30 UM le kilo se négocie aujourd’hui autour de 200 UM. Quant aux meilleurs choix, Courbine, Thiof et autres poissons de prestige, leur prix au kilo équivaut à celui de la viande, 2.400 UM. On parle de hausse dans quelques jours. En tout, cas, le bon poisson mauritanien est désormais exclu du plat des pauvres.
Cheikh Aïdara
Cridem